À la recherche d’un temps pas perdu…

Début mars 2020, je passe une semaine en Allemagne dans la maison (et la famille) de mon premier grand amour d’adulte datant de 20 ans. Bien au-delà d’une simple visite touristique ou nostalgique, j’y cherche des idées, toute en errance artistique et identitaire. Je repars avec une rencontre amoureuse, un projet sur la mémoire et le temps qui passe. Depuis, les frontières géographiques et émotionnelles se sont fermées, et il ne reste que l’expérience, Erfahrung en allemand.

L’errance physique et mentale comme pratique esthétique a toujours constitué la démarche intellectuelle fondant mon corpus. Je me retrouve à fixer des moments fugitifs depuis l’immense maison de mon hôtesse, personne si particulière puisque liée à mon passé émotionnel le plus intime. En effet, revoir sa première petite amie est toujours source de réflexion(s).

Un jour, elle me montre une carte que je lui avais envoyée il y a plus de 20 ans et qu’elle garde dans un tiroir de sa table de nuit. Au verso j’avais écrit ‘à chaque fois’ et collé une photo de moi enfant, de profil, à la manière des profils artistiques du recto. Le temps avait malheureusement fait son travail et le sens de ces mots ne m’évoque plus rien. Je m’en souviens à peine, ce qui m’attriste mais je n’ose pas lui demander si elle sait.

La synchronisation de cette résurgence du passé alors que je cherche à nourrir et chérir l’enfant-muse en moi pour exister pleinement en tant qu’artiste ne m’échappe pas. Les reflets capturés et les vides sont autant de symboles évoquant cette quête. J’allais en Allemagne en m’interrogeant sur l’identité, la solitude et le rapport aux autres et à moi-même. J’y trouve des embryons de réponses.

J’amorce aussi une histoire avec une fille rencontrée là-bas que je ne peux plus voir depuis le confinement et son reflet marque une de mes photos.

Le projet devenait ainsi une expérience: Erfahrung.

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Atelier Expression de Soi